LUTTES DÉCOLONIALES – Un aperçu introductif
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Les luttes décoloniales contemporaines s’organisent pour combattre divers aspects de la colonialité, c’est-à-dire de l’entreprise coloniale telle quelle perdure aujourd’hui à travers, entre autres, l’occultation de l’histoire coloniale, le racisme structurel et les violences qui en découlent (policières, administratives, judiciaires, symboliques, culturelles), l’impérialisme et l’occupation de la Palestine.
Les situations, les préoccupations, les stratégies diffèrent beaucoup d’une région du monde à l’autre, et d’un combat à l’autre. Pour autant les pensées des situations produites par celles et ceux qui les vivent, s’inspirent mutuellement et construisent des filiations et références communes. Si ce n’est par les premiers concernés, ces ressources sont peu explorées en Europe, alors qu’elles sont un lieu privilégié de remise en question de la Modernité, donc d’une certaine tradition philosophique européenne, matrice à bien des égards du désastre actuel.
Les mouvements décoloniaux ont gagné en force ces vingt dernières années. Leurs grilles d’analyses et leurs champs lexicaux se répandent au-delà des groupes militants et se font entendre des universités aux plateaux télé. Ainsi, le signifiant « décolonial » est devenu un concept à la mode, repris de façon parfois inconsidérée, notamment par des institutions culturelles qui ont tendance à en détourner la charge politique.
Entendre des récits de luttes concrètes très diverses, resituées dans leur contexte historique, nous permettra peut-être de saisir un peu mieux ce que recouvre le terme et quels en sont les enjeux. C’est pourquoi nous avons invité des militants et chercheurs à venir nous en parler.
Cette rencontre s’inscrit dans une démarche, au sein du Steki, de réflexion et de confrontation avec des questions qui insistent, qu’elles se posent à nous au travers d’actions ou de rencontres, organisées par de nombreux collectifs bruxellois :
Comment ce mouvement fait bouger les lignes, inquiète, dérange, force à repenser, se conjugue à d’autres combats pour y trouver tantôt des complicités et des alliances, tantôt de farouches adversaires. Comment il gagne en force et en autonomie, et échappe ici comme en France à la tutelle historique de l’anti-racisme blanc. L’une des intentions est de dresser un aperçu général qui nous permette de baliser des pistes de recherche et d’élaboration.
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Du 22 au 28 février 2019
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Au Steki, à la Maison du Livre, au Space, et à la vieille Chéchette.
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VENDREDI 22 FÉVRIER
19h – Projection et interventions au Space (rue de la Clé 26, 1000 Bruxelles)
PALIMPSEST OF THE AFRICA MUSEUM – Matthias De Groof & Mona Mpembele, Docu-fiction – 60’
Après plus de 100 ans d’existence, le plus grand musée colonial au monde symbole d’arrogance vis-à-vis du non-occident, fait peau neuve : une ossature coloniale, mobilisée par une musculature scientifique, tente de muer son apparence au monde. L’institution convoque les experts de ses différents organes et accepte de se concerter avec des délégués d’associations africaines au sein du structure créée à cet effet : le COMRAF. Celle-ci participe au diagnostic et tente d’immuniser le corps muséal pour un nouveau siècle d’histoire. Mais qu’est-ce qui obscurcit une décolonisation totale du musée ?
Avec Anne Wetsi Mpoma – à propos du musée de Tervuren et de l’implication des diasporas africaines dans sa rénovation.
Laura Nsengiyumva – à propos de son travail d’artiste sur la décolonisation.
Lili Angelou assurera la modération
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SAMEDI 23 FEVRIER
14h > 18h – Plénière à la Maison du Livre (rue de Rome 28, 1060 Bruxelles)
Introduction à la semaine
Guillermo Klozlowski – Histoire coloniale et naissance de la Modernité en Amérique latine
Luis Martinez Andrade – Luttes décoloniales contemporaines d’Amérique latine
Ana Valenzuela-Zapata – Femmes migrantes Latinas en Europe et le Manifesto SIEMPRE
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DIMANCHE 24 FEVRIER
14h > 18h – Plénière à la Maison du Livre
Françoise Vergès – À propos du féminisme décolonial. (annulé)
Nadia Fadil – Convergences decoloniales autour de la question de l’islam en Europe.
Yvoire de Rosen (du collectif Mwananke)– Luttes afroféministes et filiations théoriques et critiques.
Bruxelles Panthères – Luttes décoloniales en Europe, particulièrement la France et la Belgique.
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LUNDI 25 FEVRIER
19h – Projection à la Vieille Chéchette (Rue du Monténégro 2-6, 1060 Bruxelles)
Reel Injun, de Neil Diamond et Catherine Bainbridge, 2009, documentaire, 1h25
« L’histoire, en road-movie, de la représentation des natifs nord-américains dans le cinéma hollywoodien, jusqu’au moment où ils passent derrière la caméra pour réaliser leurs propres films. Tout part d’un souvenir de Diamond qui a grandit dans la réserve de Waskaganish au Québec : lorsqu’ils jouaient aux cow-boys et aux indiens, tous les enfants voulaient être les cow-boys. »
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MARDI 26 FEVRIER
19h – Conférence et discussion au Steki (Rue Defnet n°4-6, 1060 Bruxelles)
Saïd Bouamama – Les luttes décoloniales africaines aujourd’hui.
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MERCREDI 27 FEVRIER
14h > 16h – Atelier pour enfants à partir de 6 ans au Steki + goûter
Selma Benkhelifa – Atelier basé sur une bibliographie d’albums jeunesse et reprenant dans les grandes lignes l’histoire des civilisations humaines et de la colonisation de la préhistoire au XXe siècle, depuis un point de vue décolonial.
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JEUDI 28 FEVRIER
Dès 18h – Repas et soirée de clôture en musique.
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