En présence de Khadija Senhadji, et des collectifs Bruxelles Panthères, et Nouvelle Voie Anti-coloniale.
Dans le cadre du Tour de chauffe Décolonial, et quelques jours avant le boycott général du 30/11 et la marche du 01/12, organisés par le collectif Rosa Parks Belgique, nous invitons Khadija Senhadji à répondre à la question « Qu’est-ce que l’anti-racisme politique? ».
Nous invitons également des collectifs bruxellois à venir nous raconter leurs luttes, leurs pratiques et leurs stratégies, et à répondre à nos/vos questions: Quelle place pour la question décoloniale au sein de l’anti-racisme politique? Comment se décline-t-il en Belgique, en Europe et dans le Monde? Dans quel héritage s’encre-t-il?
_________
Qu’est-ce que l’anti-racisme politique?
L’antiracisme moral considère que le racisme est un problème de morale individuelle : il serait le fait de personnes qui, par ignorance et « peur de l’Autre », sont racistes. Dépolitisant la question, il se propose d’éduquer les masses à l’acceptation de « l’Autre » et au respect de « la différence ».
L’antiracisme politique affirme, quant à lui, que le racisme a des conditions historiques et politiques ayant présidé à son émergence et déterminant sa forme (l’impérialisme et la colonisation). Ces conditions historiques ont instauré un ordre de domination politique et une hiérarchie raciale dont sont héritières nos sociétés contemporaines de manière structurelle. Les institutions judiciaires, politiques, sociales, médiatiques et policières, les imaginaires, les arts, l’éducation, les lois, le rapport au travail, les désirs, portent ainsi la marque de la colonisation.
Le racisme structurel produit des conséquences politiques: les gouvernements et politiciens jouent sur la variable identitaire et alimentent le racisme moral à des fins diverses (électorales, de contrôle social, de diversion…), et plus fondamentalement, il produit des personnes « racisées », c’est à dire assignées à une appartenance sociale, culturelle et communautaire à laquelle serait imputable leurs faits et gestes. Cela produit une inégalité d’accès aux ressources symboliques et matérielles, selon que l’on est « blanc », « arabe », « noir », ou « rrom » par exemple.
Cette analyse politique du racisme et la reconnaissance du privilège blanc constituent un renouveau de la lutte contre le racisme qui prend de plus en plus d’ampleur à l’échelle internationale, dans les quartiers comme dans les universités, et repose les conditions d’une solidarité entre Blancs et non-Blancs qui ne reproduise pas la domination raciale, quelle que soit sa forme.
/
/