CYCLE/ ABOLITION PÉNALE ?

Abolition pénale ?

– un cycle d’ateliers et de rencontres organisé par NLP et la CLAC au Steki –

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Invitées à l’international: des membres de la délégation zapatiste, le collectif Matsuda, des membres du mouvement des femmes kurdes, Gwenola Ricordeau.

Invitées bruxelloises et belges: le collectif des Madrés, des membres de Matrisses, du « seum des meufs » et de la Liaison antiprohibitionniste, des travailleuses de Praxis asbl, de Dune asbl, de l’Autre Lieu, de l’Équipe mobile précarité, de soin en psychiatrie, et de nombreuses autres en cours d’invitation…

 

Vivre sans police, ni juges, ni prisons… cela évoque les vies des premiers peuples ou des œuvres de fiction utopique. Pourtant la raison d’être de ces institutions, les logiques du contrôle social et de la justice rétributive (payer sa dette à l’État par la souffrance) ne cessent d’être remises en cause depuis leur création, qui remonte à l’époque coloniale.

Depuis le mouvement Black Lives Matter, de nombreux échos, écrits et récits nous parviennent des États-Unis sur l’abolitionnisme pénal: définancer et abolir la police, en finir avec le système pénal, abolir les prisons… ces mots d’ordre s’incarnent dans des propositions et des tentatives concrètes, dans de nombreuses villes nord-américaines. Plongeant ses racines dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage, de la ségrégation raciale puis de l’incarcération de masse, théorisé dans les années 70 et 80 des deux côtés de l’Atlantique, actualisé tout au long des décennies suivantes par Critical Resistance et d’autres organisations, puis au travers du mouvement Black Lives Matter; les analyses, les propositions et les pratiques issues de l’abolitionnisme pénal prennent de plus en plus de place au-delà du champ militant (cf Matsuda et Ricordeau).

Parallèlement à ce mouvement politique occidental d’Amérique du Nord, les pratiques de médiation et de justice issues des peuples premiers n’ont pas toutes été détruites par les ravages coloniaux. Certaines perdurent, transformées ou restaurées. Bien que les pratiques de peuples autochtones, tout comme le mouvement pour l’abolitionnisme pénal très actif aux États-Unis, ne soient pas transposables dans le contexte européen, elles nourrissent de nombreuses tentatives : de prise en charge des torts et des conflits en dehors du système pénal, des luttes anti-carcérales, et d’autres contre les violences policières, la criminalisation des migrants, et les différentes dominations structurelles. Nous partagerons des ateliers et des récits de reprise en main collective des torts et des conflits sans avoir recours au système pénal. Avec des femmes zapatistes, kurdes, et bruxelloises, nous confronterons des pratiques de justice autonome qui semblent proches mais qui s’ancrent dans des contextes culturels, sociaux, historiques et géographique très différents. Nous sonderons les manières dont ces mots d’ordre aux allures d’utopie s’incarnent dans différentes situations.

Plus concrètement en Belgique, comme dans la plupart des autres États-nations européens, trois axes semblent incontournables pour aborder pratiquement la question abolitionniste: le rôle des lois sur les stupéfiants (la moitié des personnes en prison le sont pour détention ou trafic de drogues), la prise en charge des agressions, notamment intra-familiales, sexistes et sexuelles (2 belges sur 3 en ont été victimes, les migrantes y sont encore plus exposées), et les manières d’aborder la souffrance psychique, qui suscite ou subit la plupart des situations de violences. Nous aborderons ces questions avec des personnes confrontées quotidiennement et sur le terrain aux problématiques que ça soulève, notamment issues de structures d’aide et d’accompagnement.

Nous essayerons également de solliciter des chercheuses et chercheurs belges sur la continuité d’une histoire pénale liée aux pillages et conquêtes coloniales, pour mieux cerner le fonctionnement des différents corps de police/justice et les étapes des réformes qui leur ont été apporté en lien avec l’histoire des luttes sociales.

Le groupe de recherche NLP et le Collectif de Luttes Anti-Carcéral proposent cette série de rencontres et d’ateliers pour avoir un aperçu des différentes stratégies abolitionnistes, comprendre les manières dont s’incarnent pratiquement les institutions pénales en Belgique, et repenser collectivement les pistes pour limiter leur emprise.

Si vous avez des suggestions et des ressources utiles pour ce cycle de rencontre en cours d’élaboration, n’hésitez pas à nous contacter. Il sera l’occasion de nourrir un réseau-ressource, de produire de la documentation spécifique et de lancer un groupe de recherche sur l’abolition pénale en contexte belge, et sur l’abolition de la police en particulier.

Nous espérons que cette programmation nous permettra d’y voir plus clair, sur ce qui pourrait constituer différentes étapes vers l’abolition pénale, articulées aux priorités des collectifs et comités qui se mobilisent contre les violences policières et carcérales.

Pour le moment… (2021-2023)

– Le 15/10/2021, 14h-18h. Rencontre avec des femmes zapatistes et kurdes sur leurs pratiques de justice autonome.

– Le 05/11/2021, 16h-18h : Présentation et atelier avec le collectif Matsuda : « comment faire sans police ? »

– Le 27/02/2022, 14h-17h : Atelier sur la gestion des agressions sexuelles en collectif ou en communauté. Sans homme cis.

– Le 05/03/2022, 15h-18h : Atelier d’auto-défense féministe, pratique verbale.

– Le 27/03/2022, 18h- 21h: Rencontre avec Gwenola Ricordeau : Les différentes stratégies de l’abolitionnisme pénal.

– Le 30/04/2022, 19h30: Projection du film Hollow Water de Bonnie Dickie sur les pratiques de justice et de guérison communautaire ojibway de Hollow Water au Canada.

– Le 15/09/2022, 19h30: Brève généalogie de la justice transformatrice avec le groupe de recherche des Matrisses.

– Le 05/10/2022, 18h-20h30: Rencontre avec Dune asbl et la Liaison antiprohibitionniste autour de l’impact des lois sur les stupéfiants.

– Le 24/11/2022, 19h-21h: Rencontre avec des travailleuses de Praxis asbl sur l’accompagnement d’auteurs de violences conjugales et intra-familiales.

– Le 26/01/2023, 15h-17h, puis 19h-21h: Table ronde au pianocktail + rencontre au Steki sur internement et santé mentale, avec des usagers de la psychiatrie, et des travailleuses du secteur qui sortent des logiques sécuritaires (équipe mobile précarité, l’Autre lieu RAPA…)

– Le 31/05/2023, 19h-21h: Justice pour mineurs: cheval de Troie de l’abolition pénale? Avec des travailleuses du secteur de l’aide à la jeunesse et une chercheuse en criminologie spécialisée dans la justice pour mineurs.

 

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