Avec Zakia Siouda, Moustapha, et Diletta Tatti.
Ce 11 septembre 2019 s’ouvrira le procès en appel contre des personnes migrantes et des personnes solidaires, surnommé le procès « de la solidarité ». Nous reviendrons ce vendredi sur les enjeux qu’il recouvre, en présence de personnes directement concernées.
Une double politique de traque aux migrants est menée par le gouvernement belge. D’un côté par la répression policière, de l’autre par la criminalisation et la tenue de coûteux procès explicitement politiques, s’appuyant sur des enquêtes grossières, visant à les construire comme ennemis intérieurs et à intimider les personnes solidaires.
L’usage opportuniste des termes « passeurs » et « victimes » vise à produire un effroi, à grand renfort d’histoires de chargements d’enfants dans des camions-frigos, qui ne dit rien des réalités complexes qu’ils recouvrent.
Ainsi la parole sera aux inculpés, notamment par le biais de lectures d’extraits de leurs récits évoquant l’exil, la débrouille et les embrouilles, les arrestations, les amitiés et l’entraide, les procès et les prisons, à contre-courant de la fiction policière et judiciaire.
Pour sa part, Diletta Tatti évoquera les instruments politiques et juridiques, belges et européens, qui opèrent une criminalisation progressive de l’immigration, notamment à travers l’usage de mots-concepts (comme le récent « transmigrant ») et l’évocation de cas significatifs de jurisprudence belge.
19h
« Les dessous du procès dit de la solidarité »
par Zakia Siouda et Moustapha
« Victimes du trafic d’êtres humains : entre instrumentalisation et oubli »
par Diletta Tatti.
Assistante-chercheuse à l’Université Saint-Louis et membre du GREPEC.
« Récits de personnes condamnées pour trafic d’êtres humains »
Lecture d’extraits de trois récits traduits en français.
20h
Questions, propositions et discussion
21h
Repas
Sélection musicale spéciale « Exil égyptien »
Mise à disposition des brochures reprenant l’intégralité des récits évoqués.
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PETIT RAPPEL DU CONTEXTE
Le procès qui a fait le plus parler de lui s’est tenu en novembre 2018 à Bruxelles. La présence sur le banc des accusés d’hébergeurs et de personnes ayant porté assistance à de nombreux jeunes vivant près du parc Maximilien, inculpées pour trafic d’êtres humains et participation à une organisation criminelle, a suscité une forte mobilisation et la création d’une plateforme de soutien. Tandis que les personnes solidaires ont été acquittées, l’ensemble des personnes migrantes ont été condamnées. Le Parquet a fait appel de la décision et le nouveau procès s’ouvre le 11 septembre prochain.
Cette politique de traque des migrants s’est traduite dès 2015 par des missions de police intitulées Opérations Médusa et visant à « dissuader la transmigration » sur le territoire belge. C’est dans ce cadre, intensifié en 2018 à la demande de l’ex-ministre de l’Intérieur, que l’assassinat de la petite Mawda a eu lieu. C’est dans celui-ci également que la plupart des personnes inculpées ont été arrêtées en situation qualifiée de « flagrant délit ». Parmi celles condamnées le 12 décembre 2018, certaines avaient été incarcérées préventivement pendant plus d’un an.
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