Quelques participantes du groupe de recherche Matrisses vous invite au partage de leur travail en cours:
Une brève généalogie de la justice transformatrice
Qu’est-ce que la justice transformatrice?
Inspirée des pratiques autochtones de peuples colonisés, construite en opposition à la justice restaurative qui a été récupérée par le système pénal, la justice transformatrice a été théorisée et médiatisée en Amérique du nord depuis les années 80. Elle est pratiquée avant tout par des personnes qui ne peuvent se permettre de faire appel à la police et à la justice d’État sans se mettre en danger ou mettre en danger leurs proches (noir.e.s-américain.e.s, queer, travailleur.e.s du sexe, personnes sans papiers, etc…)
Elle suit 4 principes : La prise en compte des besoins des personnes ayant subies un préjudice ; la responsabilisation de l’auteur.trice ; l’implication de l’entourage ; la transformation des relations entre les personnes impliquées dans la situation et plus globalement la transformation des rapports de domination structurels. Il s’agit donc de reprendre possession des conflits violents et des abus avec une attention particulière portée à la dimension collective et à la transformation des conditions qui ont permis que le tort soit commis.
Qu’est-ce que Matrisses?
Nous sommes un groupe d’une douzaine de bruxelloises qui a entamé au printemps 2021 un travail de recherche sur la justice transformatrice. Nous construisons progressivement un corpus de ressources, de récits et d’outils à mettre à disposition de quiconque souhaite sortir des logiques punitives et se sentir moins démuni dans les situations d’abus qu’il ou elle vit dans son entourage. Une fois ce travail avancé, nous espérons être en mesure de proposer un soutien suivi pour des personnes qui veulent tenter de prendre en main, avec leur entourage et leurs proches, une situation d’agression, d’abus ou de conflit mêlés, en se passant tant que possible de la police et de la justice pénale.
Pourquoi une généalogie?
Nous souhaitons mettre à disposition ce travail de cartographie pour que chacun.e puisse s’orienter et se rendre plus autonome dans la recherche d’informations sur la justice transformatrice, ses pratiques, son histoire, ses théories et ses critiques.
Bienvenue!
Jeudi 15 septembre 2022
au Steki, rue G. Defnet n°4&6
19h accueil.
19h30 présentation.
20h30 questions, réponses et discussions.
“En tant que généalogie critique, on commence par reconnaître que les histoires enchevêtrées des mouvements abolitionnistes et féministes sont profondément entrelacées, et ne se déploient pas les unes à côtes des autres par ordre chronologique. L’historienne Elsa Barkley Brown décrit l’histoire en disant “tout le monde parle en même temps, des rythmes multiples sont joués simultanément” et nous rappelle que “une histoire linaire nous mène à un politique linéaire, et aucun des deux va nous servir dans ce monde asymétrique”. On accueille d’autres interprétations du féminisme abolitionniste, et on se bat pour que les généalogies soient toujours questionnées, parce qu’il y a toujours une raison inconnue pour laquelle nous avons commencé à raconter l’histoire à cet endroit là plutôt qu’à un autre, et c’est toujours important de voir quelles narrations du présent sont marginalisées ou effacées. »
Extrait de Abolition. Feminism. Now. de Angela Davis, Gina Dent, Erica Meiners, et Beth Richie
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